Quand et comment se terminera cette nouvelle ère ? Il est probablement trop tôt pour le dire.
Dans l'avenir immédiat, un certain nombre de producteurs de contenu vont probablement adopter le web sémantique, promu depuis le début des années 2000 par Tim Berners-Lee. En décrivant le contenu sémantique de certaines données publiées sur le web sous une forme logique standardisée, il s'agit d'en permettre une “compréhension” moins grossière par les machines, de leur donner ainsi un premier accès à une partie du sens des textes. Il s'agit également de relier toutes ces données entre elles (méthode dite “linked data”) de façon à réellement construire la base de données mondial que beaucoup de ses usagers croient que le web est. Certains moteurs de recherche intégrent d'ores et déjà certaines de ces informations de façon à rendre les réponses plus pertinentes.
Certains observateurs prédisent une autre fin pour cette période, ou la suivante peut-être : celle du remplacement ou de l'augmentation de l'Homme. Le thème n'est pas nouveau : la littérature de science-fiction, dès ses débuts, illustre le remplacement de l'Homme par la machine, relayant ainsi les craintes déjà exprimées au début de la mécanisation au 19e siècle : citons RUR (Karel Čapek, 1921) et, plus près de nous Terminator (James Cameron, 1984), Matrix (frères Wachowski, 1999) ou la série Real humans (Lars Lundström, 2012). A. Turing est le premier à évoquer sérieusement l'intelligence de machines (« Computing machinery and intelligence », 1950). Il invente à cette occasion le test de Turing, sous le nom « jeu de l'imitation », imaginant un test au cours duquel une machine se ferait passer pour un humain. La machine avait dévalorisé l'Homme travailleur de force ; l'intelligence artificielle remplacera-t-elle l'Homme pensant ? Déjà, chez Wiener, on voit apparaître la possibilité que l'Homme soit dépassé par ses créations. Potentiellement, la machine peut le remplacer pour la plupart des tâches qui ne demandent pas trop d'initiative (et encore). Elle le fera donc probablement… au moins dans une certaine mesure. Pour certains auteurs, la machine succédera donc à l'Homme comme celui-ci a succédé « aux singes ». Pour Marvin Minsky, l'Homme devrait en être fier, plutôt que de s'en inquiéter.
Cette première voie, du remplacement de l'Homme par la machine, l'automatisation, déjà bien amorcée dans certains secteurs économiques, n'est pas la seule. Pour d'autres auteurs, la machine doit être utilisée pour augmenter l'Homme. Certains, anticipent que les ordinateurs devraient atteindre une intelligence comparables à celle des humains vers 2045, ce que Raymond Kurzweil appelle « la singularité », nous n'avons donc pas d'autre choix que d'intégrer la technologie, si l'on ne veut pas purement et simplement disparaître (ou être instrumentalisés, comme dans Matrix). Cette voie est appelée transhumanisme. Ici aussi, la science-fiction nous évoque des images, celles des cyborgs en particulier ; il ne faut pas s'y limiter : il n'y a pas que l'intégration physique de la technique dans le corps humain (ce qui se fait déjà pour compenser certains handicaps). Il y a également l'utilisation des savoirs médicaux, psychologiques, sociaux, etc. pour développer nos potentialités. Suivant les idées de Kurtzweil un certain nombre de chercheurs et d'industriels ont fondé une certain nombre de structures dont l'université de la singularité, qui visent expressément cet objectif. Est-il aussi proche qu'ils le pensent ? Il est, bien entendu, trop tôt pour l'affirmer. Quoi qu'il en soit, une société comme Google a choisi de résolument investir dans cette direction.